Les djihadistes du Front al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda, disent vouloir lancer une offensive dans les 48 heures en Syrie, d’où la Russie, alliée du régime, est en train de retirer ses troupes, mais se réjouissent sans doute trop tôt, la Russie ayant clairement laissé savoir qu’elle continuera ses frappes contre des « objectifs terroristes » qui ne sont pas concernés par le cessez-le-feu.
«Il est clair que la Russie a subi une défaite, et dans les 48 prochaines heures, le Front al-Nosra va lancer une offensive en Syrie», a affirmé mardi à l’AFP via Skype un commandant de ce groupe sur le terrain.
En raison des frappes russes en Syrie depuis le 30 septembre, Al-Qaïda, allié à des groupes islamistes, a perdu de nombreux secteurs dans la province de Lattaquié (ouest) ainsi qu’une grande partie de la province d’Alep (nord).
«Nous ne sommes pas engagés» par le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 février à l’initiative de la Russie et des États-Unis, a par ailleurs rappelé le commandant qui s’exprimait sous couvert de l’anonymat.
«Les Russes se sont retirés, car ils soutenaient le régime, mais ce dernier s’est avéré incapable de garder les territoires conquis», a-t-il ajouté.
«Sans les frappes russes, nous serions aujourd’hui dans (la ville) de Lataquié», a-t-il poursuivi. La province de Lattaquié, majoritairement alaouite, est le berceau de la famille Assad.
Selon ce cadre militaire du Front al-Nosra, «les Russes ne vont pas faire plus de sacrifice pour ce régime qui s’est quasiment effondré», a-t-il dit.
Des bombardiers russes ont commencé mardi à quitter la Syrie dans la foulée de l’annonce surprise du président Vladimir Poutine du désengagement du gros de son contingent militaire.
L’aviation russe continuera ses frappes contre des «objectifs terroristes», a cependant déclaré mardi un responsable militaire russe en Syrie.
Mais Al-Nosra se réjouit probablement trop tôt
La Russie poursuivra ses frappes aériennes contre des « objectifs terroristes » en Syrie malgré le retrait de la majeure partie de son contingent militaire, a déclaré mardi un responsable militaire russe en Syrie.
« Il est trop tôt pour parler de victoire sur les terroristes. L’aviation russe a pour mission de poursuivre ses frappes contre des objectifs terroristes », a déclaré un vice-ministre de la Défense, le général Nikolaï Pankov, cité par les agences de presse russes depuis la base aérienne russe de Hmeimim, dans le nord-ouest de la Syrie.
« Une vraie chance de mettre fin à des années de violence est apparue », a-t-il toutefois souligné, au lendemain de l’annonce surprise de Vladimir Poutine qui a mis au fin au déploiement de la majeure partie de l’armée russe en Syrie.
Mardi, un premier groupe d’avions de transport T-154 et de bombardiers Su-34 s’est envolé vers la Russie dans le cadre de ce retrait, a indiqué le ministère russe de la Défense.
Le chef de l’administration présidentielle russe, Sergueï Ivanov, a toutefois prévenu que ce retrait ne concernerait pas les systèmes de défense antiaérienne russes « les plus modernes » déployés en Russie, sans préciser s’il s’agissait des batteries antimissiles S-400.
Selon le général Pankov, le travail efficace des forces russes et des forces syriennes a « infligé des dommages importants aux terroristes, perturbé leur organisation et sapé leur potentiel économique ».
Moscou a commencé le 30 septembre ses frappes aériennes contre des « cibles terroristes » en Syrie, en soutien au président Bachar al-Assad. Depuis le début de cette intervention, Moscou avait déployé une cinquantaine d’avions de combat.
Bombardements russes et avancée de l’armée près de Palmyre
Illustration de sa volonté de poursuivre ses frappes aériennes contre des « objectifs terroristes » en Syrie malgré le retrait de la majeure partie de son contingent militaire, la Russie a mené mardi des raids aériens sur les alentours de la cité antique de Palmyre, dans le désert central de Syrie, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Selon cette organisation, « les frappes des hélicoptères et des avions russes ont permis à l’armée du régime d’avancer, et elle se trouve désormais à 4 km au sud et à l’ouest de Palmyre », tenue depuis mai 2015 par le groupe djihadiste État Islamique (EI).
Une source de sécurité sur le terrain a affirmé que « l’armée syrienne, grâce aux bombardements de l’aviation et des hélicoptères russes, avait pris le contrôle d’une colline à l’ouest de Palmyre après une violente bataille avec l’EI, et dominait désormais la ville ».
Si l’armée syrienne s’empare de Palmyre, joyau antique inscrit au patrimoine de l’humanité, « ce serait une importante victoire, car cela lui ouvrirait la voie vers la frontière irakienne », souligne l’OSDH.
*Avec AFP
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