L’intelligence artificielle connaît une accélération fulgurante, transformant les secteurs les uns après les autres. Deux annonces récentes illustrent parfaitement cette dynamique : d’une part, le lancement d’un tuteur IA de nouvelle génération par Classover, doté d’une interaction quasi humaine, et d’autre part, l’investissement stratégique massif de la Corée du Sud pour former ses futurs talents dans ce domaine.
Une avancée majeure dans l’IA éducative
La société Classover (Nasdaq: KIDZ), un acteur de premier plan dans l’IA éducative destinée au K-12, a officialisé un partenariat stratégique avec MiniMax, une entreprise reconnue par Forbes dans le « Top 50 AI ». L’objectif affiché est de déployer un tuteur de nouvelle génération capable d’interaction vocale avancée, de raisonnement adaptatif et d’une analyse émotionnelle en temps réel. Cette collaboration marque une étape décisive dans la stratégie « AI-first » de Classover. L’entreprise introduit ainsi l’un des premiers systèmes d’apprentissage de calibre enseignant, capable de converser et d’instruire avec la fluidité d’un instructeur humain, tout en opérant à un coût logiciel à l’échelle mondiale.
Des performances conversationnelles inédites
Reposant sur le moteur vocal à faible latence de MiniMax et les modules propriétaires de Classover, ce tuteur IA atteint des performances techniques notables. Il affiche une latence de réponse inférieure à 250 millisecondes, s’alignant sur le rythme d’une conversation naturelle, et une qualité vocale de niveau studio, incluant des intonations et des micro-pauses réalistes. Le système peut également détecter l’engagement par la voix, comme la confiance ou l’hésitation, et ajuster son ton ou le niveau de difficulté en conséquence. De plus, la reconnaissance visuelle du tableau blanc lui permet d’interpréter les étapes de résolution de problèmes de l’élève pour un guidage instantané et ciblé.
Un modèle économique disruptif
Un porte-parole de MiniMax s’est félicité de voir leurs technologies appliquées à un « contexte éducatif réel », soulignant une vision qui dépasse l’automatisation pour créer des « expériences d’apprentissage authentiques ». Le tuteur de Classover fonctionne en effet avec un coût marginal par session quasi nul. Cette approche permet de réduire les coûts de prestation de 80 à 90 % par rapport au tutorat humain traditionnel, ouvrant la voie à des sessions hautement rentables, évolutives et à des modèles d’abonnement mondiaux. « Nous ne construisons pas un autre chatbot », a insisté Stephanie Luo, fondatrice et PDG de Classover. « Nous construisons une intelligence de calibre enseignant qui réagit comme un instructeur, mais avec la scalabilité et l’efficacité économique d’un système. C’est l’avenir de l’éducation personnalisée. »
La Corée du Sud investit dans le capital humain
Parallèlement à ces avancées technologiques, la question du capital humain pour alimenter cette industrie devient centrale. La Corée du Sud, après avoir revu son plan ambitieux sur les manuels numériques basés sur l’IA, prend une nouvelle initiative d’envergure pour consolider son statut de leader mondial. Le ministère de l’Éducation a annoncé un plan national inédit de 1 400 milliards de wons (environ 960 millions de dollars) destiné à former des talents en IA, et ce, de l’école élémentaire jusqu’aux chercheurs de troisième cycle.
Un plan national pour devenir une puissance de l’IA
Ce « Plan de développement des talents IA pour tous », le premier du genre, vise à faire de la Corée du Sud l’une des trois premières puissances mondiales de l’IA en bâtissant un pipeline complet de ressources humaines à travers tout le système éducatif. Le pays fait face à des défis importants, notamment une « fuite des cerveaux » et une tendance persistante des meilleurs étudiants à délaisser les sciences et l’ingénierie au profit de la médecine ou d’autres professions jugées plus lucratives. Selon le Global AI Index 2024, si Séoul se classe au 6e rang mondial global (sur 83 pays), elle chute à la 13e place dans la catégorie « talent », soulignant une pénurie de professionnels qualifiés.
Parcours accélérés et rétention des experts
Pour accélérer la formation, le gouvernement va introduire un nouveau programme « fast track ». Il permettra aux étudiants les plus brillants d’obtenir leur licence, master et doctorat en seulement 5,5 ans, contre plus de huit ans habituellement, leur permettant ainsi d’entrer dans l’industrie ou le monde académique dès le début de la vingtaine. Les filières spécialisées en IA dans les lycées scientifiques et techniques seront également doublées, passant de 14 à 27 établissements dès l’année prochaine. Afin de retenir les meilleurs chercheurs souvent recrutés par des universités étrangères, le gouvernement envisage de créer un système de « professorat national distingué », autorisant les chercheurs d’élite, des universités publiques comme privées, à continuer d’enseigner au-delà de l’âge légal actuel de la retraite (65 ans).
Réduire la fracture régionale et renforcer les liens avec l’industrie
Conscient du risque que les progrès de l’IA ne creusent l’écart entre Séoul et les autres régions, le plan vise à renforcer les universités régionales en tant que pôles d’innovation locaux. Trois universités nationales de base recevront une enveloppe combinée de 30 milliards de wons l’année prochaine pour créer des facultés dédiées à l’IA, développer des programmes spécialisés et construire des infrastructures essentielles, telles que des installations de calcul GPU. L’initiative prévoit aussi des clusters de recherche conjoints dans le cadre du programme Brain Korea 21 pour encourager la collaboration. Enfin, pour garantir l’adéquation avec les besoins du marché, les programmes diplômants en partenariat avec des entreprises seront étendus, et les sociétés seront encouragées à créer leurs propres écoles supérieures internes pour former des professionnels de l’IA.